Thursday, January 29, 2009

What est N°3: Le Lemon Bar!


Vous le savez, je bosse depuis désormais un mois et demi au Lemon Bar. Si certains pensent que couper des citrons et faire des cocktails peut paraître assez simple et pauvre comme métier, je ne suis pas totalement d’accord. Quand je travaille en France, dans l’hôtellerie de luxe, la pression est constante vis-à-vis des clients. Ici, pas de pression, je vis mon travail comme un loisir faisant passer mes journées, comme des vacances payées par une société. Et en plus, comble du bonheur, j’ai des patrons d’anthologie ! Explications de mon boulot, par différents points, et vous allez voir que le Lemon Bar, ca envoi du bois comme on dit chez nous !


Le Lemon : Le Lemon Bar, c’est un citron géant, jaune bien entendu, et vous l’avez, je pense, déjà tous vu en photo sur mon blog. Ca a beau être grand, il n’en demeure pas moins vrai qu’une fois à l’intérieur, vaut mieux ne pas être claustrophobe ! On y travaille à deux, et on est serré. Sauf que parfois, sur les événements, on est 4, voire 5, et la liberté de mouvement s’en trouve réduite à néant. Heureusement, cela n’arrive que très rarement. A l’intérieur, tout est bien pensé. Un grand bac où l’on met citrons, citrons verts et oranges, et des étagères pour ranger les verres, les couvercles, les serviettes, les eaux minérales, et touti counti ! Il y a également un bac où l’on met la glace, mais c’est assez chiant car quand on a plus de glace faut aller dans les fins fonds du shopping center pour en chercher. L’eau, c’est pareil. Celle pour laver est stockée dans un bidon de 8 ou 10 litres. Quand c’est vide, hop, aller retour aux toilettes pour le remplir. Mais bon, ca nous balade et nous permet de sortir du citron, alors c’est toujours ça. Voilà pour l’esthétique et l’aspect fonctionnel de la chose.


Les cocktails : La liste des cocktails et longue comme le bras. Ils sont tous à base de citrons, de citrons verts ou d’oranges. Puis on y ajoute de l’eau, ou des fruits, ou des sirops, selon les vœux des clients. La base est toujours la même. Du sucre, citrons/citrons verts/oranges, glace pilée, eau/eau gazeuse. Ensuite, selon les commandes, les choses peuvent varier. Ainsi, on ne mettra que du sucre roux avec du citron vert, ou encore on ne met pas d’eau avec un cocktail à base d’oranges, mais on presse des oranges pour compléter le verre… Le plus réputé d’entre tous reste le Lemon – Strawberry, citron et fraise en gros. Mais des cocktails comme le Mojito ou le Lemon Sangria font frissonner les papilles gustatives de nos clients. On ne peut, à la déception immense de certains clients, pas vendre d’alcool, d’ailleurs ils sont très stricts là-dessus. Les seules goûtes d’alcool que l’on met proviennent de l’Angoustora, un alcool amer que l’on met dans le Mojito. D’un point de vue prix, ce n’est vraiment pas cher compte tenu du fait que tous les fruits sont frais, et que tous les jus sont faits à la main uniquement. Le petit coûte 4$, 5 le moyen et 6 le grand. Donc quand certains jours on fait plus de 1000$, c’est vraiment qu’on a eu du monde car ca équivaut environ à 200 clients.


Travail du matin/ Travail du soir : Au lemon, les plannings ne sont pas fait avec beaucoup de prise de tête. Tu travailles soit le matin, soit le soir, parfois en middle quand la journée s’annonce chargée. Je préfère personnellement travailler le matin. On ouvre le citron à 10H, c’est tôt mais ca va. Les filles se font aider par un de nos voisins commerçants, j’arrive pour ma part à l’ouvrir seul mais c’est vrai que c’est lourd. Ensuite il faut mettre deux trois petites choses en place, couper des fruits, mettre la musique, et attendre les clients ! Le soir, j’aime moins. Déjà, on commence en général vers 13 heures pour finir vers 21 heures. Mais quand les journées sont calmes, c’est très très long, trop à mon gout ! Alors parfois on se tourne les pouces, on a le temps de voir passer les gens, de réfléchir. Limite on aurait un bouquin de Sudoku on le finirait en une après midi. Le soir ensuite il faut tout ranger, tout nettoyer. Tous les fruits coupés ne sont pas conservés et il faut les jeter. C’est pourquoi on ramène souvent à la maison des kiwis, de l’ananas ou encore des fraises. Puis vient l’heure de la vaisselle, du rangement général du lemon, de A à Z. Il faut compter entre 30 et 60 minutes pour tout faire, tout dépend de l’activité que l’on a eue dans la journée. Puis il ne reste qu’à fermer le citron, avec l’aide de Ziad, mettre du produit anti insectes volants, et rentrer à la maison !


Les patrons : Je me suis toujours super bien entendu avec mes supérieurs, je ne sais pas vraiment pourquoi d’ailleurs. Mais que ce soir Florence, chef de réception du Beauvallon, Laetitia, chef de réception de l’Atrium, ou Jacky, chef concierge du Beauvallon, j’ai constamment eu des rapports non pas privilégiés mais très bon. La hiérarchie ici est donc la suivante : Elias est le big boss, il est l’un des fondateurs de ce concept en Italie, et il dirige de loin celui présent en Australie. Irène est en dessous de lui. Je ne vous ai jamais parlé d’elle car je ne la vois que rarement, mais elle s’occupe de toutes les finances, la publicité… Puis il y a Ziad, que vous connaissez à force ! Il s’occupe de toute la logistique, il ouvre et ferme le citron tous les jours, et sa femme commence à en avoir marre ! Tous les matins il se lève aux aurores pour aller acheter des fruits et tout le staff nécessaire. Et enfin, il y a nous ! Pour en revenir aux boss, je ne connais que très peu Irène. Elle est sympa de ce que je connais d’elle, mais je ne peux pas raconter d’anecdote ou quoi que ce soit. Elias est quelqu’un de bien, et hardworker. Il bosse tout le temps, il a des entreprises de cosmétiques en Italie avec plus de 300 salariés, il voyage entre ici, l’Italie, la Russie, la Chine… Il n’arrête jamais ! Bon vous vous en doutez, il n’a pas de vie de famille, mais à côté de ça il a un salaire intéressant. Il me fait beaucoup rire, c’est un vrai rital, il parle toujours avec les mains, et un truc qui m’a marqué chez lui c’est qu’il n’est jamais désabusé. Il m’a expliqué un jour que pour lui le boulot en général c’était un loisir. Qu’il prenait ça très au sérieux mais que jamais il ne se prendrait la tête pour ça. Comme le 1er janvier où quand je suis arrivé il était seul, il avait fait je ne sais combien de clients, c’était le bordel dans le Lemon, mais il avait le sourire, tandis que j’aurais surement pété un câble ! En enfin, Ziad ! Pas compliqué de dire que c’est la personne que je préfère à partir du moment où je le vois tout le temps. Ziad je lui dois beaucoup. Et j’essaye de lui rendre bien. On passe des heures à discuter de tout et de rien, et on se chambre souvent mutuellement. Dernière petite attaque en date, mardi. Je fermais le citron, et il me pose la même question trois fois en l’espace de vingt minutes. Je le regarde et lui dit, tout en anglais bien sûr « J’ai lu sur un magazine, très sérieux, que si Alzheimer débutait avant 40 ans, il fallait consulter un médecin au plus vite ! » Il explose de rire et prend sa revanche quelques minutes plus tard. Je lui tends quelque chose, mais je l’échappe au dernier moment, et il saute sur l’occasion pour me dire « J’ai lu sur un journal spécialisé, que si Parkinson arrivait avant 25 ans, il fallait voir un docteur ! » Bref, c’est comme ca tous les jours ! Et il a un cœur gros comme ca. C’est souvent qu’il offre, à tour de rôle, des cafés, des gâteaux, qu’il nous emmène manger… Ce week end il veut même aller en boite avec moi ! On verra s’il tiendra parole le bougre ! Bref, Ziad, c’est quelqu’un de très bien, et si ce n’était pas lui mon patron, j’aurai peut-être déjà quitté le Lemon Bar…


Les « à côtés » : Autour du Lemon, il se passe des choses. Déjà, on est pris en photo je ne sais combien de fois par jour. Parfois, quand c’est calme, si une fille se fait photographier devant le citron, je vais gentiment l’inviter à venir me rejoindre à l’intérieur le temps d’immortaliser le moment. Ca fait beaucoup rire les gens ce citron géant, pas une seule personne ne passe sans y jeter un œil, on est comme des stars ! Aussi, il y a un avantage à travailler dans le shopping center. Tous les employés qui y bossent ont 20% de remise sur nos boissons. Et bien nous avons le même pourcentage de discount dans tous les magasins ! Bon pour l’instant ca ne nous sert pas trop, mais c’est bon à prendre malgré tout. Autre chose, la musique. On a un ordinateur et Ziad nous a laissé le libre arbitre vis-à-vis de la musique. Alors on avait fait une compilation de musique d’ambiance histoire d’attirer les clients. Puis un beau jour avec Gourcuff, on a décidé d’en faire une avec des chansons françaises ! Ainsi, depuis on écoute du Sardou, Johnny, Fatal Bazooka, Brice de Nice, Raphael… De tous les genres, du moment que ce soit français ! Si on peut mêler boulot et nostalgie, ne nous gênons pas….


Le futur : Des Lemon Bar, il y en a plus d’une centaine en Europe. C’est le premier ouvert en Australie, et les débuts sont disons mi figue mi raisin. Celui du shopping center est installé pour trois mois maximum, ensuite ils devront trouver un autre endroit. Le plus probable, mais aussi le plus simple, c’est qu’ils restent dans le même endroit, mais qu’ils changent juste de position, pour en ouvrir un plus grand au milieu du food court. Ce serait un kiosque. Ziad m’en a parlé maintes et maintes fois. Deux pôles de ventes, davantage de cocktails, mais aussi des choses à manger, avec une grande télé où passeraient des clips, de la musique à fond, et beaucoup plus de clients, assurément. Sinon, il faudra migrer vers une autre zone, toujours dans Sydney mais dans un suburb (quartier) éloigné. J’ai dit à Ziad que pour nous ce ne serait pas simple car là on est à cinq minutes à pied, mais si on va à Manly, au nord, ou Bondi, extrême est, ce serait compliqué niveau transport. Il m’a dit t’inquiète pas, tu auras une voiture de société ! Bon, je commence à connaître le libano-italiano-australien donc tend que rien n’est fait, je n’y crois pas, mais bon… Bref, le Lemon Bar a je pense un bel avenir devant lui en Australie car il correspond parfaitement à la mentalité locale. Reste maintenant à concrétiser ces promesses par des actions et des ventes en flèche…


PS : Merci beaucoup Maman, Papa et Marianne…



2 comments:

  1. Coucou, mon ange! eh bien ton citron, tu l'as tellement bien décrit qu'on s'y voit dedans! C'est sympa comme boulot, mais bon comme dans tous les commerces, quand il n'y a pas de clients, on s'emm......Je me souviens quand je bossais, jeune fille, dans le bureau de tabac de Marcillac, c'était parfois longuet, j'adorais les jours de pluis car les gens désertaient la plage et venaient chercher de la lecture;
    Aujourd'hui, en France, grève nationale des fonctionnaires, papa a eu un élève, autant te dire qu'avec la défaite de Marseille, il frôle l'ulcère à l'estomac: Zoubar a encore marqué un but...contre son camp: et Lyon a gagné!!!Si je viens en Australie, promis, je me gaverai de cocktails du Lemon Bar; gros bisous mon ange, on va se manger une bonne quiche lorraine en pensant à toi!! bisou, à bientôt. Papa attend toujours les photos de Melbouren!! je t'embrasse et je te serre sur mon coeur bien fort; bizzz Maman

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  2. En voilà un "What else" des plus intéressants! Merci Arnaud de nous faire découvrir ton boulot qui est, disons-le, des plus originaux tout de même :) J'espère que tu t'y plais et que les bons côtés prennent le dessus sur les moins bons :) A bientôt

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